Le temps passe et les années défilent à retordre.

Tout a comencé dans les années 60 avec les pochettes de disque des pop stars et des groupes de rock et de folk. L'imaginaire contenu dans l'image et l'espace visuel qui s'ouvre vers de nouveaux horizons. Les modes et les tendances qui se succèdent et se diffusent dans le quotidien de chacun(e). Chacun son style et un style pour chacun dans l'absolu fantasmé de la société de consommtion qui ne fait que commencer mais c'est quand même là que ça commence, avec l'idée de l'individualité personnalisée pour tous et que chacun est en droit de revendiquer son originalité, unique, parce que je le vaux bien, qui est le message subliminal de l'original paradoxal.

Pendant les années 50, c'est surtout la reconstruction de l'après guerre qui occupe les esprits mais déjà l'activisme situationniste fait circuler de nouvelles façons de penser le monde, de manière ludique, contestataire, marginale, souterraine. Qui se veut international et qui fait circuler ses idées en les imprimant sur du papier. Ca se faisait déjà avant, Gutemberg et les parchemins en remontant le temps, l'écriture et le dessin, les mots et les images chez les égyptiens par exemple où il est difficile de séparer l'un de l'autre. Interroger la limite. Du lettrisme des mots sans paroles, juste le son des bruits de la bouche qui donne le rythme comme dans les chansons venues d'ailleurs dont on ne comprend pas vraiment le texte ni le sens de l'histoire que ça raconte, surtout si on parle pas trop l'anglais, pas trop verbal mais qui sera la norme pour les années 60 en ébulition dans la création culturelle de masse de la révolution perpétuelle, avec feu d'artifice final en 68 de l'apocalypse idéologique et transcendantal de l'éternel recommencement qui veut que là où ça se termine c'est toujours autre chose qui va commencer, nécessairement.

Comme l'oeuf dans la poule qui sort de l'oeuf, en boucle pour l'éternité oui mais bon c'est de la Grave Zone dont il est question ici, qui rassemble les publications sur papier, autoproduites le plus souvent mais ça commence toujours comme ça et on ne sait jamais ni quand ni comment ça va continer ou s'arrêter, stagner ou se développer car même les plus grands ont commencé tout petits. C'est la vie.

Plutôt axé image, graphisme et bande dessinée mais ouvert au texte qui parle musique et esthétique mais pas trop de politique qui se vit dans le présent d'aujourd'hui maintenant alors qu'ici c"est l'histoire d'une multitudes d'histoires individuelles et collectives qui officiellement commencent en 1975 avec la naissance du groupe Bazooka mais il y avait déjà tellement de choses avant que c'est important de voir et de savoir quoi et depuis quand.

D'autant plus que Bazooka après une courte période d'auto-publication va surtout se faire connaitre par ses interventions dans des revues déjà installées depuis plusieurs années, et qui ne sont pas toutes des revues de bande dessinée (Actuel, Libération, Hara Kiri...). Déjà dès l'origine à cheval sur plusieurs dimensions transversal qui bouscule la mise en forme et la mise en page du texte et des images, détourne et recycle des photos, brouille les pistes, provoque verbalement avec du slogan d'auto-promotion commerciale et publicitaire, égo trip intimiste et sexuel des tabous de l'inceste pédophilique et tête de mort trauma dictature nazisme tous les sujets qui fâchent mis sur la table de l'esprit punk en réaction aux situations figées de la génération qui a connu la guerre du général de Gaulle et Giscard derrière pendant les années 70 et Bazooka qui arrive juste au milieu de tout ça comme ça alors voilà, c'est le début de l'histoire de la Grave Zone...